Les toasts sont cuites

Maison des artistes francophone (Winnipeg)

29 octobre au 5 décembre 2015

Une nouvelle perspective nait lorsque deux paradigmes, qui sont rarement juxtaposées, sont intersectés. Ce croisement d’idées est au cœur de la méthodologie pratiquée par Louis Bouvier.

De fortes idées préconçues émergent en nous lorsque nous voyons des images, objets et symboles qui nous sont familiers. Cependant lorsque ces idées préconçues sont mises en contraste avec des esthétiques, époques et des milieux culturels différents, la lecture des éléments familiers raconte une autre histoire. Par exemple, en examinant le dessin Been There Done That, on remarque que l’arrière-plan est un paysage paisible où la lumière du soleil est filtrée à travers les nuages. Les rayons peuvent faire penser à une connotation souvent utilisée pour illustrer la présence de Dieu. Le paysage sauvage montre aussi une scène typique canadienne souvent représentée en dessin ou en peinture. Lorsque nous lisons Been There Done That dans le ciel, la lecture initiale de l’image est affectée, il faut maintenant réfléchir aux liens entre les mots et l’images et se poser des questions.

À l’aide de symboles familiers, l’exposition permet de facilement s’engager à différents niveaux. L’installation intitulé Méta comme dans le sens de Méta peut être apprécié pour son esthétique : la composition du dessin, le labeur évident du dessin au graphite, la fabrication et la forme des mains coloriées ou encore les équerres bronze en cire qui donne l’illusion de supporter la tablette. Cette première lecture offre une façon d’apprécier l’installation mais si on choisit de passer un peu plus de temps à l’analyser, il est possible de réaliser que le dessin représente l’explosion de la navette Challenger en 1986 où sept personnes ont perdu la vie. Cette constatation change immédiatement la façon dont on perçoit le dessin et ajoute une dimension profonde à l’installation. Bouvier ne s’attends pas à ce que cette information soit divulguée, il nous laisse dans le non savoir pour que les éléments de l’exposition aient la chance de poser des énigmes sans réponses. Ainsi, l’exposition nous parlera différemment à chacun basé sur notre vécu.

Une autre lisière d’information, avec une touche humoristique, peut-être décodée dans le montage de l’exposition. Dans le cas de Méta comme dans le sens de Méta, la tablette coupe le dessin en deux et fait en sorte que le dessin devient un arrière-plan pour les sculptures des mains. Bouvier aplanit ainsi la hiérarchie des éléments regroupés pour éliminer un ordre d’importance. C’est aussi dans cette ligne d’idée que la lumière de la galerie est délibérément uniforme.

Marianne Moquin