Je pensais justement à la machine qui imprime les mémoires.

Galerie Nicolas Robert, Montréal.

Du 29 janvier au 5 mars 2022

La Galerie Nicolas Robert est fière de présenter Je pensais justement à la machine qui imprime les mémoires une exposition de Louis Bouvier réunissant une sélection d’œuvres issues de ses deux dernières années de recherches. Par le truchement artistique, Bouvier propose une interprétation de l’idée d’anachronisme. Procédant par montage, il multiplie les strates visuelles, instaurant une lecture horizontale de l’histoire de l’art et de ses canons. En combinant différentes époques, sans système précis, les références de l’exposition se libèrent de la dictature de l’histoire linéaire créant, du fait même, une vision multidimensionnelle se désengageant de l’héritage dit moderne.

 

Avec ses dessins photo-réalistes et ses sculptures hybrides, Bouvier vise à métamorphoser la périodisation temporelle classique en déployant dans l’espace de la galerie une vision personnelle de l’histoire et l’archéologie. Dans l’exposition se mélangent une multitude de médiums et techniques : pierre, bronze, moulage, bois, plâtre, taille directe, aquarelle, plomb, graphite, huile et crayons de bois. Ce foisonnement est propice à la création de nouveaux points de contact qui peuvent, si on leur en laisse la chance, reconfigurer la «  machine à mémoire » pour imprimer une nouvelle constellation de liens.

 

Avec ces assemblages visuels, Bouvier montre que l’anachronisme réactualise les œuvres d’autres époques, non seulement en tant qu’héritage du passé, mais aussi comme faisant pleinement partie des discours actuels. L’ensemble des œuvres présentées propose une réflexion sur le temps et l’histoire, démontrant que le passé et le présent ne sont pas linéaires. Ces différentes temporalités forment, dans l’espace de l’exposition, un nouveau présent qui n’aplatit pas le temps mais qui le multiplie, le délivrant de sa linéarité.

 

Héritiers de la philosophie des Lumières nous avons, de nos jours, un penchant naturel à se servir du rationalisme et de la « raison » pour mettre de l’ordre dans le réel. Avec l’esprit scientifique comme absolu, l’occident a cartographié, classé, catalogué et ordonné ce qui l’entoure afin de mieux comprendre. Rien ne doit être laissé au hasard tout doit être organisé pour suivre une logique souveraine, de sorte que la pensée moderne soit claire. Cette approche impose une vision simplifiée d’appréhension du réel en instituant l’ordre absolu, éloignant les différentes catégories monolithiques, de sorte que les savoirs s’ignorent l’un de l’autre. Ces systèmes clos et réducteurs réduisent l’hybridation, la créolisation, l’articulation des liens créateurs qui peuvent se développer par enchevêtrement, par juxtaposition, par anachronisme. En introduisant en filigrane un axe « dé-modernisateur » au sein de l’exposition, Louis Bouvier souhaite réfléchir sur le rôle que jouent certaines structures de classement occidentales dans notre perception du monde.